Cette pièce est constituée de deux parties. Deux joutes verbales. L’action d’abord, puis l’analyse. La pièce laisse la possibilité au public de voir comment les choses se sont déroulées puis de se faire une idée, de décider ce qu’il en pense, La thématique, d’actualité, est passionnante. Qu’est-ce qu’être coupable ? Quelles sont les conséquences pour l’autre de nos actes ?

La première partie est une situation quotidienne, une progression vers une liberté d’échange entre deux adultes. L’alcool et le temps libèrent la parole et les gestes, jusqu’à un point de bascule, une rupture.

Dans la seconde partie, le public devient témoin des auditions publiques de la commission universitaire qui doit décider du sort des protagonistes. Une très bonne idée de mise en scène qui implique le spectateur et le rend actif : chacun est amené à s’interroger au cours de la pièce sur la situation en analysant successivement les arguments de la victime et de l’agresseur présumé.

Ce qui est intéressant et troublant, c’est que la pièce n’est, à mon sens, pas manichéenne. Il n’y a pas d’absolue vérité mais une analyse en profondeur de la situation et une décision qui n’a rien d’évidente.

L’homme doit-il être systématiquement sanctionné de n’avoir pas bien interprété les signes ? D’avoir confondu silence et refus ? Dans ces situations de viol sans violence, sans refus nettement exprimé, la limite est parfois tenue entre consentement et non consentement. Il est évident que la non-expression d’un consentement clair et formulé semble aujourd’hui obligatoire mais la maladresse involontaire et la mauvaise interprétation de la situation doit-elle détruire un homme en le condamnant pour viol ? Comment différencier les situations où il y a eu acceptation au moment de l’acte sexuel puis regret, des situations réelles d’agression avec perte de la maitrise de son propre consentement (personne sous emprise de l’autorité, situation de peur, de contrainte…) ? Le présumé agresseur doit-il être reconnu coupable si même la victime n’est pas consciente au moment de l’acte de se faire agresser ?

Le jeu des comédiens est d’une grande justesse ce qui apporte beaucoup de crédibilité à ce que l’on voit. L’ensemble est hyper réaliste et glaçant.

Une pièce captivante !

Texte François Hien
Mise en scène Jean-Christophe Blondel
Avec John Arnold, Yannik Landrein, Noémie Pasteger, Pauline Sales

Au théâtre de Belleville du 7 au 30 novembre 2021

©-francois-louchet-

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