La course des géants

La tête dans les étoiles, un jeune garçon, clairement HPI, végète dans une pizzeria où il est serveur. Il est repéré et encouragé par un psychologue scolaire qui va l’emmener presque jusqu’à la lune. C’est une succès story à l’américaine et tout y est, la valeur du mérite, l’histoire d’amour et d’amitié, le tout sur fond de guerre froide. Mélodie Mourey s’inspire des missions Apollo pour nous présenter une fiction/adaptation pertinente et captivante. L’histoire est très amusante et surprenante et se déroule à un rythme effréné.

Comme dans Big Mother de la même auteur/metteuse en scène, l’histoire commence par la fin et nous sommes un peu perdus au début. Plongés directement au cœur de l’histoire, sorte de teasing de l’aventure, nous ne comprendrons que plus tard le démarrage de la pièce. Après ce plongeon au cœur de l’action, nous repartons treize ans dans le passé pour comprendre comment le héros en est arrivé là.

La pièce est créative, originale et extrêmement cinématographique. Les scènes s’enchaînent de façon ultra fluide sans aucun temps mort grâce à une mise en scène moderne, dynamique et terriblement efficace. Le résultat est exaltant et épique.
La scénographie de La Course des Géants est particulièrement intelligente. Les décors, conçus de manière ingénieuse grâce à la modernité et à la magie des projections, créent l’illusion et nous téléportent, en une fraction de seconde, dans un bar, au QG de la Nasa, dans l’appartement de Mancini etc. Le résultat est assez spectaculaire et immersif.

Les six comédiens sont parfaitement rodés et très convaincants, ils se démultiplient avec talent et énergie pour jouer l’ensemble des personnages qui entourent le héros de l’histoire.

De l’excellent et ébouriffant théâtre qui nous plonge dans un univers original et nous tient en haleine pendant 1H30. On en ressort des étoiles dans les yeux.

Écrit et mis en scène par Mélody Mourey
Avec Éric Chantelauze ou Frédéric Chevaux, Jordi Le Bolloc’h, Nicolas Lumbreras ou Alain Bouzigues, Anne-Sophie Picard, Valentine Revel-Mouroz ou Emmanuelle Bodin, Alexandre Texier ou Yannik Mazzilli
Scénographie : Olivier Prost
Costumes : Bérengère Roland
Musique : Simon Meuret
Lumières : Arthur Gauvin
Vidéos : Raphaël Foulon, Édouard Granero et Emmanuelle Buchet
Chorégraphies : Reda Bendahou

Du 24 mai 2023 au 17 septembre 2023 au Théâtre de la Renaissance

Diego

C’est la finale France-Brésil de 1998, tous les yeux sont tournés vers le numéro 10, la famille est réunie autour de la télévision et c’est là qu’arrive l’événement autrement attendu : la naissance de ce petit garçon qui sera nommé Diego en hommage à un autre numéro 10 tout aussi mythique. Je n’y connais rien au foot, mais vraiment absolument rien, mais ce spectacle est tout public, et je me suis laissée entraîner par l’enthousiasme du comédien et subjuguer par la souplesse et l’énergie qu’il dégage de son corps et de ses mots.

Il raconte l’histoire de ce petit garçon gringalet, mal nommé, qui a peur du ballon et qu’on préfère reléguer à côté du terrain. Il est formé par son père à tout ce qu’il faut absolument connaître au niveau du foot, ce sport si populaire et si fédérateur qui permet de regarder en ayant l’impression de faire. Gagner un match de foot auquel on n’a pas participé c’est avoir l’impression d’avoir tapé soi-même dans le ballon rond.

Le foot est un fil conducteur dans la pièce mais les thèmes abordés sont beaucoup plus larges. On assiste à l’éclosion de ce garçon qui se cherche et qui explore sa propre relation aux autres et son rapport à son père. Après le foot, il découvre le théâtre et les deux se rejoindront d’une manière inattendue.

La performance d’Hugo Randrianatoavina est pour le moins sportive, en plus d’être théâtralement très réussie. Il court, au sens propre comme au sens figuré, lancé à la poursuite de son identité et de sa quête de reconnaissance.

Le texte est précis et ciselé, le comédien engagé et puissant. Le spectacle est ultra dynamique, la scénographie ingénieuse et la mise en scène efficace.  

Une pièce très intéressante et dense que l’on regarde avec plaisir.

Mis en scène par Barthélémy Fortier
Avec Hugo Randrianatoavina

Scénographie : Emmanuel Lagarrigue
Composition et création musicale : Tommy Haullard
Lumières : Nicolas de Catsro
Création sonore : Clément Vallon
Collaboration artistique : Nina Ballester

Création – Festival Avignon
Théâtre Avignon – Reine Blanche
Du 7 au 25 juillet 2023 à 16h45

Dans la peau d’un magicien

C’est un spectacle très intime que nous propose Thierry Collet.  Nous l’accompagnions en effet dans ses souvenirs de jeune magicien adolescent et dans ses réflexions personnelles autour de la magie. Il nous raconte son parcours à la découverte de cette passion qui le tient depuis son plus jeune âge, enfant puis adolescent parcourant l’Europe de congrès en congrès afin de découvrir de nouveaux tours, de nouveaux mécanismes de magie. Il nous parle de son travail de gestuel, de l’exigence de l’entrainement physique, de sa soif de comprendre les tours des grands magiciens, de son envie de découvrir les mystères qui se cache derrière le moindre effet magique.

Le spectacle est à la fois drôle, intéressant et émouvant. Et puis bien sûr il y a cette magie, perturbante et étonnante, qui nous laisse sans voix. Le mystère opère et l’on en ressort troublé avec l’envie, ou non, de comprendre les rouages de ce que l’on a vu.

« Quand on est magicien il faut toujours cacher les choses », aujourd’hui dans ce spectacle, Thierry Collet nous promet de dire la vérité, ce qui est contraire aux habitudes des magiciens. Sans dévoiler ses tours, il parle, se raconte, partage… Il est passionné, toujours lui-même époustouflé par ses propres tours, il jubile en nous faisant le tour du barman du diable, comme un enfant content de sa blague. Il prend du plaisir sur scène et sa joie est communicative. Comme souvent dans les spectacles de magie le public est sollicité pour manipuler les cartes, choisir des objets…

L’acteur et magicien se livre à nous dans une mise à nu au sens propre comme au figuré dans ce beau seul en scène magique.

Conception et interprétation : Thierry Collet
Mise en scène : Éric Didry
Scénographie : Élise Capdenat
Création lumières : Sylvie Garot
Assistée de : Luc Jenny

Au Théâtre du Rond Point jusqu’au 27 mai 2023

Crédit Baptiste le Quiniou

DIAGONALE(S)

La tension est palpable dès le début de la pièce et l’on pressent qu’aucune issue idéale ne viendra la conclure. C’est une tranche de vie dans le parcours de cette fratrie aux relations un peu plus complexe que la norme.

Comme le dit l’auteur, « la diagonale est la trajectoire du fou sur un plateau d’échec », c’est aussi comme un fil de funambule sur lequel cette jeune femme au diagnostic psychiatrique compliqué marche prudemment et dont par moment elle tombe.  C’est donc une succession de chutes brutales dont elle sort sonnée mais toujours soutenue par son frère et sa sœur.

Le regard que porte l’auteur sur la folie est un regard plein de tendresse et de bienveillance. Loin de se moquer d’une condition psychologique fragile, il en montre la profondeur et la diversité. Il décrit, non pas avec un vocabulaire médical mais plutôt en utilisant la magie du théâtre, les différentes traversées délirantes de la patiente. Ce sont des absences, des moments suspendus où la réalité bascule et où la maladie mentale prend le dessus. On assiste alors à ce qu’elle voit et ce qu’elle vit dans ses hallucinations et ses dédoublements de personnalités. Ces crises, dont les autres ne peuvent que constater les dégâts, impuissants spectateurs de ces épisodes délirants, sont représentées par des scènes très variées parfois un peu trop longue, mais le plus souvent drôle et délirante. Tension sexuelle exacerbée, bouffée paranoïaque, folie des grandeurs, etc… un grand nombre de phases présentes dans la schizophrénie ou la bipolarité sont abordées.

Si les scènes de délires sont amusantes (en apparence bien sûr quand on connait le drame que cela représente réellement), j’ai surtout été touchée par les retours à la réalité, ces bouffées d’air où la patiente revient à elle-même. Elle est alors confrontée à sa maladie, à son rejet du traitement médical, à son refus d’enfermement et à son rôle de sœur.

Le thème de la fratrie, et donc de l’accompagnement des familles dans la gestion de la maladie, est au cœur de la pièce. On sent toute la souffrance, toute l’angoisse de ce frère et de cette sœur démunis devant les symptômes toujours plus puissants qui affectent leur sœur qu’ils aiment et qu’ils veulent accompagner au mieux.

La scénographie est intelligente et la mise en scène dynamique et efficace. Les comédiens endossent avec souplesse les différentes rôles et personnalités.

Une pièce intéressante, touchante et originale.

Auteur et Metteur en scène Virgile Daudet
Avec Aurélie Cuvelier Favier, Clara Leduc, Morgan Perez, Bastien Spiteri.
Collaboration Artistique Aurélie Cuvelier Favier Création lumière Olivier Coudun
Illustration Cyril Pedrosa Musique Voyou
Chorégraphie Clara Leduc Scénographie Aurelie Cuvelier Favier et Rémi Flouret

A la Manufacture des Abbesses les lundis et mardis jusqu’au 23 mai 2023

LA FEMME À QUI RIEN N’ARRIVE

La comédienne nous accueille avec un prologue. Le 4ème mur est rompu et elle s’adresse à nous, elle vérifie si elle ne nous a pas déjà perdu, nous raccroche avec humour à l’histoire qu’elle va raconter.

L’histoire : « ELLE n’a qu’un objectif : accomplir la liste de ses tâches quotidiennes incompressibles au rythme robotique dicté par la Machine. Prise au piège d’une publicité virtuelle, ELLE signe un contrat avec un commercial spécialisé en production de choses qui arrivent. Voilà cette Femme à qui rien n’arrive confrontée à ce qu’elle redoute le plus : qu’une chose lui arrive. ELLE bascule dans un monde de plus en plus délirant. »

La comédienne est en totale contrôle, elle est avare de gestes et se délecte avec habilité de ce texte si insolite et jouissif. Sa diction est particulièrement impeccable et précise et l’on sent une maîtrise parfaite de sa technique d’actrice.

Suspendu à ses lèvres on s’habitue à son débit dense et on se laisse complètement embarquer dans une histoire farfelue dans laquelle pourtant rien n’arrive. Guidé par sa voix, bercé par ce texte précis, détaillé et imagé, on se retrouve à la fin de l’heure presque sur notre faim, presque un peu déçu que l’histoire se termine déjà tant l’on aurait voulu qu’il arrive vraiment quelque chose à cette femme à qui rien n’arrive. Mais c’est la beauté et l’originalité de cette pièce où les codes sont brouillés pour mieux nous déconcerter.

Un spectacle à la fois plein d’humour, inédit, absurde et sensible. Elle utilise les mots avec malice et originalité, elle les transforme parfois comme pour les savourer, « Tout part à vélo », « comme un pet sur une étoile cirée », ils en deviennent farfelus et cocasse.

C’est une histoire qui part de presque rien, d’un épluchage de pommes de terre, pour arriver nulle part en passant par des chemins détournés.

N’hésitez pas à aller voir ce moment suspendu et indescriptible. Un joli moment de poésie, drôle et touchant.

TEXTE ET JEU : Léonore Chaix
MISE EN SCÈNE : Anne Le Guernec
LUMIÈRES : Guy-Pierre Couleau

Au Théâtre de la Reine Blanche jusqu’au 30 avril 2023

©Philippe Delacroix

Un soir chez Renoir

La pièce aborde les problématiques politiques de l’époque comme l’endoctrinement des masses, mais également les techniques de peinture et l’importance de la variation de la lumière. On y découvre aussi les problématiques plus particulières liées au groupement des « impressionnistes » comme les appellent leurs détracteurs. Le rejet de leur forme artistique jugée trop médiocre par les peintres classiques y est développé longuement.

On passe la soirée en compagnie de ce groupe de peintres associés et amis dont les opinions et idées divergent franchement. Renoir, Monet, Morisot et Degas se disputent en effet sur leur manière d’aborder leur métier de peintre et leurs divergences mettent à mal leur amitié. La vie n’est pas évidente pour eux qui ont du mal à vivre de leur passion, et tous expriment des avis différents sur la manière d’aborder leur vie et leur pratique. Peignent ils pour eux-mêmes ou pour les autres ? Pour la beauté de l’art ou pour gagner leur vie ? Leur approche doit-elle être politisée comme le suggère Zola ou purement artistique ? Entre alliance, fraternité et coup de gueule, la soirée n’est pas de tout repos.

Une pièce bien agréable , très dense et intéressante. Les comédien.ne.s incarnent leur personnage avec passion et la mise en scène est fluide et bien construite.

N’hésitez pas à aller voir cette pièce.

Au Lucernaire du 3 mai au 11 juin 2023

Rocky 6

La pièce débute dans le noir, démarrage intrigant où l’on est concentré sur la voix des comédiennes, on écoute avec attention la conversation et les bruitages lors d’un accouchement. Et puis cette question, la première que l’on pose après la naissance, « T’es une choupette ou un petit gars ? « .

Et la pièce tente de répondre à cette question pas si facile à trouver pour Joséphine ou plutôt Jo comme elle se fait appeler. Car Jo est atteinte du  « Syndrome de Rokitansky », une forme d’intersexuation.

Le syndrome de Mayer Rokitansky Küster Hauser (MRKH) correspond à une malformation congénitale de l’appareil génital interne féminin (absence congénitale de vagin et d’utérus). Il concerne environ un sur 4500 nouveaux- nés de sexe féminin.

L’intersexuation désigne la situation sociale des personnes nées avec des caractéristiques sexuelles primaires et/ou secondaires considérées comme ne correspondant pas aux définitions sociales et médicales typiques du féminin et du masculin.

La pièce est écrite et mise en scène comme un combat et l’on assiste à une succession de rounds : la puberté, la famille, les copines, le psy et les médecins, les thèmes s’enchaînent, les relations sont décortiquées, les difficultés et souffrances montrées. Dans l’écriture, on ne trouve aucun apitoiement ni aucun attendrissement mais au contraire un parti pris humoristique et incisif. Lorsqu’on lui annonce sa « pathologie », loin d’être abattue par la nouvelle, elle se sent libérée et heureuse de comprendre ce qui lui arrive. Reste un long chemin pour se battre contre le corps médical qui a vite fait de vouloir « réparer » ou « corriger » en mutilant ces enfants et jeunes femmes ce qui est, selon leurs propres normes, anormal et contre cette société binaire hétéronormative.

La pièce gagnerait peut-être à être un tout petit peu développée, certains thèmes étant juste abordés, presque survolés, surtout dans la première partie.  On aurait aimé parfois en savoir un peu plus, avec une analyse un peu plus poussée. Mais l’histoire étant autobiographique et encore fraîche on peut comprendre la mise à distance de certains sujets malgré l’envie d’en parler.

Pour autant c’est vraiment intéressant et courageux d’avoir développé un spectacle sur cette histoire très personnelle. C’est un sujet passionnant et le choix de l’aborder avec ironie et dérision est original.

Les comédiennes sont toutes justes et engagées et l’ensemble est fluide et vivant. Le temps transforme la rage en amour et la fin de la pièce se termine sur une touche d’espoir et d’apaisement.  Ce spectacle interpelle et questionne et l’on en ressort plus riche qu’en entrant ce qui est déjà beaucoup.

A voir.

Compagnie Lesoeurs
Texte Alice Etienne et Lilas Roy
Mise en scène Alice Etienne
Avec Madeleine Delaunay, Amélie Husson et Jeanne Ros

du 12 au 16 avril 2023 au Lavoir moderne parisien

Le village des sourds

Il fait chaud, presque étouffant, dans la salle Tardieu du Théâtre du Rond-Point mais sur le plateau le vent souffle, la neige recouvre le sol et ce froid nous transporte instantanément dans le grand nord. La superbe scénographie d’Emmanuel Clolus, bel équilibre entre lumière chaude et froide, nous plonge immédiatement dans une ambiance poétique et douce.

C’est un conte poétique et cruel qui nous est proposé. Dans un village perdu au milieu de nulle part, loin de la civilisation et de la modernité, les villageois de Okionuk vivent une vie sereine et douce où l’entraide et la communication sont omniprésents. Mais l’ennemi arrive par le biais d’un grand camion noir et d’un dictateur de la consommation qui va détruire tout ce qui faisait la vraie richesse de cette communauté : le partage, l’échange et la solidarité. L’histoire est originale et l’on assiste à la décrépitude des relations avec tristesse et effroi.

C’est Youma, quatorze ans, interprétée par Ariana-Suelen Rivoire, à la fois captivante, pétillante et émouvante, qui raconte en langue des signes l’histoire de son village. Gurven, son ami et protecteur, qui nous traduit en mots son récit, est magnifiquement joué par Jérôme Kircher. Leur complicité est émouvante et belle à voir. Leur sincérité, et leur puissance de jeu se répondent et l’harmonie qui se dégage de leur duo est superbe.

Le texte de Léonore Confino est à la fois plein d’humour, de tendresse et de sens. La pièce alterne entre drôlerie et émotion. L’autrice, qui a le pouvoir, en l’espace de quelques phrases, de nous faire passer du rire aux larmes, réussit à écrire une histoire à la fois légère et profonde.

La mise en scène de Catherine Schaub est fluide, précise et pleine de jolies idées. Les lumières de Thierry Morin, la création sonore de R. Jericho et les costumes de Julia Allègre complètent cette ensemble harmonieux.

La pièce parle de bêtise humaine, d’avidité, d’uniformisation, de progrès destructeur et d’appauvrissement du langage. C’est une parabole, un message d’alerte. Qu’est-ce que la réelle pauvreté ? Qu’elle est une des pires choses qui puissent arriver à l’humanité ?

C’est un conte populaire, une histoire pour faire grandir qui se raconte au coin du feu, et ce soir dans la salle nous avons tous un peu l’impression d’avoir rendu visite à Youma et Gurven dans ce fameux village des sourds. N’hésitez pas à rejoindre Okionuk pour partager ce beau moment avec eux. Ce n’est qu’à quelques stations de métro jusqu’au 23 avril 2023.

Texte : Léonore Confino
Mise en scène : Catherine Schaub
Avec : Jérôme Kircher, Ariana-Suelen Rivoire
Interprète LSF : Frédéric Baron
Assistanat à la mise en scène : Clara Urosevic
Scénographie : Emmanuel Clolus
Régie générale : Guillaume Michalska
Lumières : Thierry Morin
Création sonore : R.Jericho
Costumes : Julia Allègre

Au Théâtre du Rond Point jusqu’au 23 avril 2023

©giovanni cittadini cesi

Cabaret Burlesque

J’ai pu assister au 10 ans du cabaret burlesque. L’événement était un peu exceptionnel, deux dates uniques au Bataclan, mais cela donne un petit aperçu de leur show régulier que l’on peut retrouver toutes les semaines à la Nouvelle Seine.

L’ambiance est au top, dans la salle les habitués comme les petits nouveaux, chauffés par Valentina del Pearls la meneuse de revue, mettent le feu : sifflements, applaudissements, hurlements, c’est chaleureux et joyeux. Le public est très mixte, on est loin des clichés de striptease que l’on peut imaginer car le Burlesque Klub propose des numéros d’effeuillages à la fois audacieux et drôles. Ce mélange de glamour et d’humour est emprunté aux revues américaines des années 50.

Les performances s’enchaînent, certaines nous plaisent plus que d’autres, mais toutes sont hautes en couleur : plumes, paillettes, strass, kitch ou ultramoderne, tous les styles sont représentés et tous les genres de personnages du plus délirants au plus classiques défilent sur scène. Ce qui est beau à voir c’est la variété des performeur.euse.s, tous les corps sont présentés et montrés sans complexe, les rondeurs et les maigreurs sont assumées avec bonne humeur et une vraie liberté. On est loin des standards du mannequinat et ça fait plaisir !

Dans des mises en scènes soignées et sur des musiques entrainantes, les numéros sont un mélange de danse, de poésie, de second degré, de comique, de sexy et de glamour.

Si vous voulez voir un spectacle d’effeuillage pétillant et extravagant, foncez-y.

vu au bataclan le 27 mars 2023

à voir à la Nouvelle Seine les vendredis et samedis

Even Elephants do it

La pièce est un documentaire sur une femme médecin, Cécile Winter, qui était interne à l’hôpital Tenon puis responsable du service VIH à l’hôpital de Montreuil. Elle avait choisi de faire ce métier car elle souhaitait que son métier compte et qu’il ait des conséquences. Elle raconte à travers une interview, sa passion, ses difficultés, ses petites réussites, autant d’anecdotes qui nous permettent de nous faire une idée des obstacles qu’elle a pu rencontrer en pratiquant la médecine sur des malades atteints du VIH. La pièce alterne donc des entretiens audios diffusés sur fond de vidéos filmées en Afrique avec quelques passages où les comédiens retranscrivent, face publique, des conversations et des petits moments de vie qu’elle a pu avoir.

Si la pièce est intéressante et les comédiens excellents, on peut regretter en revanche qu’elle ne soit pas plus courte. Même si les interviews sont passionnants on aurait préféré les écouter dans un podcast que sur un plateau de théâtre. On se réjouit des trop rares moments où les comédiens interviennent sur le plateau. Mais comme nous avons assisté à une étape de travail la pièce va probablement encore évoluer avant sa programmation au festival d’Avignon cet été.

Cela reste un spectacle de grande qualité.

D’après le témoignage de Cécile Winter,
Mise en scène, dramaturgie, scénographie / Monica Mojica
Distribution / Eléonore Lamothe, Remi Oriogun – Williams, Romane Loup, Adam Migevant, Cyprien Fiasse.
Co- écriture textes / Antoine Voituriez, Monica Mojica
Musique et son / Alejandro Gómez Upegui
Vidéo / Jean Baptiste Droulers
Coach bruitages / Bruno Langiano
Lumière / Samuel Halfon
Assistant de direction et production / Antony Rodriguez