Even Elephants do it

La pièce est un documentaire sur une femme médecin, Cécile Winter, qui était interne à l’hôpital Tenon puis responsable du service VIH à l’hôpital de Montreuil. Elle avait choisi de faire ce métier car elle souhaitait que son métier compte et qu’il ait des conséquences. Elle raconte à travers une interview, sa passion, ses difficultés, ses petites réussites, autant d’anecdotes qui nous permettent de nous faire une idée des obstacles qu’elle a pu rencontrer en pratiquant la médecine sur des malades atteints du VIH. La pièce alterne donc des entretiens audios diffusés sur fond de vidéos filmées en Afrique avec quelques passages où les comédiens retranscrivent, face publique, des conversations et des petits moments de vie qu’elle a pu avoir.

Si la pièce est intéressante et les comédiens excellents, on peut regretter en revanche qu’elle ne soit pas plus courte. Même si les interviews sont passionnants on aurait préféré les écouter dans un podcast que sur un plateau de théâtre. On se réjouit des trop rares moments où les comédiens interviennent sur le plateau. Mais comme nous avons assisté à une étape de travail la pièce va probablement encore évoluer avant sa programmation au festival d’Avignon cet été.

Cela reste un spectacle de grande qualité.

D’après le témoignage de Cécile Winter,
Mise en scène, dramaturgie, scénographie / Monica Mojica
Distribution / Eléonore Lamothe, Remi Oriogun – Williams, Romane Loup, Adam Migevant, Cyprien Fiasse.
Co- écriture textes / Antoine Voituriez, Monica Mojica
Musique et son / Alejandro Gómez Upegui
Vidéo / Jean Baptiste Droulers
Coach bruitages / Bruno Langiano
Lumière / Samuel Halfon
Assistant de direction et production / Antony Rodriguez

HPNS, marché pirate sur le darknet

C’est l’histoire d’un pirate, en tout cas il en a tout l’attirail, déguisement, bateau fait de bric et de broc, voiles tendues. Mais ce pirate de l’informatique ne navigue pas sur une mer paisible mais au sein du Darknet, paysage tout aussi dangereux et mystérieux qu’un océan déchaîné, véritable triangle des Bermudes du web.

Leonard Matton, homme-orchestre, auteur, interprète, scénographe, et metteur en scène de ce spectacle nous raconte l’histoire de ce jeune américain, aventurier moderne qui se lance dans une épopée illégale sur le darknet : la route des épices. Cette plateforme de libre-échange (Silk road dans la réalité), rendue possible grâce à TOR et aux Bitcoins, est le premier gros marché noir sur internet, sorte d’ebay moderne où l’on trouve essentiellement de la drogue. On observe sa création, on vit ses réussites et ses déconvenues, on découvre ses arnaqueurs et ses coups fourrés. Une entreprise risquée où les dérives financières et morales sont nombreuses. Quand tout semble fictif car virtuel jusqu’où peut-on aller pour de l’argent ? Et que se passe t’il quand la réalité nous rattrape ?

Ce très jeune anti-heros plein d’ambition et d’illusion, gonflé d’une certaine idée de la moralité va vite déchanter. Après une montée fulgurante et un succès impressionnant c’est la dégringolade, la déception et puis l’arrestation. Cet univers dans lequel les codes ne sont pas encore bien définis et où tout semble permis est impitoyable. Peut-on croire en un capitalisme libéré de toute contrainte politique, territoriale et économique ? Tout peut-il se vendre ? Peut on être libre dans cette société ultra contrôlée, et quels en sont les limites ?

Reflet de notre société actuelle, cette mésaventure de cybercriminalité est un avertissement, un conte moderne où la chute morale est sévère. La pièce est une comédie dramatique amer à la fois drôle, pathétique et touchante.

On connaissait Léonard Matton pour ses grandes fresques immersives, il s’attaque là à un tout autre répertoire, une histoire qui part de l’intime pour aller vers l’universel et le collectif, un phénomène de société vu par le prisme d’une histoire individuelle. Une pièce engagée et documentée, basée sur l’histoire vraie de Ross Ulbricht, c’est à la fois concret et romanesque, technique et accessible, pointu et grand public.

La pièce est vraiment intéressante, l’histoire très prenante et la scénographie superbe. On en sort plus instruit qu’en arrivant et avec l’envie de se documenter un peu plus sur ce coté obscur de la toile et sur cette économie parallèle.

A l’issu de la représentation, Pablo Rauzy, Maître de conférence en informatique est venu répondre à nos questions sur les blockchain, la crypto monnaie, les NFT etc. C’était très intéressant. J’ai essayé de me concentrer pour comprendre ses réponses mais je réalise que je suis loin de saisir la moitié de ce qu’il nous a pourtant patiemment expliqué, à creuser…

texte et mise en scène et scénographie Léonard Matton
direction d’interprétation Roch-Antoine Albaladéjo
création musicale Claire Mahieux
création lumières Sabrina Manach
création vidéo Paulo Correia
costumes Jérôme Ragon


Coquelicot

La pétillante Prisca Démarez nous accueille comme il se doit, c’est-à-dire en chanson. elle se lance ensuite dans l’explication de texte de ce qu’elle vient de chanter. C’est un peu une métaphore de son spectacle : une musique entraînante et gaie qui cache des paroles qui font sens et qui n’ont parfois rien de joyeux ni de superficiel. Le spectacle qu’elle joue pendant 1h20 sur le petit plateau du théâtre de la contrescarpe est à cette image, c’est bourré d’énergie, d’humour sans être pour autant privé de philosophie ni de sens.

Elle se raconte. Avec son petit côté rebelle assumé, elle refuse d’être la rose qu’on lui impose de devenir et après un démarrage de vie bien dans les rangs, elle s’émancipe pour tenter de se rapprocher de qui elle veut profondément devenir : elle-même. C’est une quête de soi, une lutte contre les projections et les étiquettes qu’on nous colle dès la naissance.

D’anecdotes en mésaventures, toutes véridiques, elle nous partage un peu de sa vie d’artiste. Elle nous prend à partie et nous bouscule. Son introspection, elle la souhaite à tout le monde ! On rit beaucoup car elle n’a pas sa langue dans sa poche et ses histoires sont racontées avec beaucoup d’humour et de naturel. Mais elle est également très émouvante en nous partageant sa fragilité et ses doutes. Un bel équilibre entre ses talents de chanteuse, conteuse, et humoriste, le tout rempli de sincérité, de sensibilité et de justesse.

Une fraicheur et une énergie belle à voir, on en sort reboosté !

De et avec Prisca DEMAREZ
Piano : Stan CRAMER ou Shay ALON
Mise en scène : Franck VINCENT
Costume :Sylvain RIGAULT

Au Théâtre de la Contrescarpe jusqu’au 1er juillet 2023

Apocalipsync

J’avais déjà pu admirer son élasticité et sa créativité aux côtés de son acolyte Alfonso Barón dans l’exceptionnel Poyo royo et plus récemment dans leur nouveau spectacle Dystopia. On le retrouve sur la scène du rond-point seul et même très seul puisque l’exercice se passe durant le confinement. Il est solitaire sur le plateau comme dans son appartement dans lequel il tourne en rond et se met à expérimenter différentes petites scènes. Il joue avec son corps, son dos, son visage, ses bras, le tout malléable à merci. On assiste à une journée de sa vie, il se réveille, se lave, et puis il s’ennuie, fait du sport, écoute la radio tout en imitant la palette de personnages qu’il entend. C’est inégale mais certains moment sont des pépites d’humour et de créativité.

Sa spécialité restant la synchronisation labiale, compétence qui lui permet de doubler tout et n’importe quoi avec une grande dextérité dont une scène sur le doublage excellente.

C’est une performance étonnante et grandiose, on rit, on est surpris et on passe au final 1H très agréable.

Théâtre du Rond-Point – Salle Tardieu
Du 14 mars au 2 avril 2023.

Mise en scène de Luciano Rosso, Maria Saccone, Hermes Gaido.
Avec Luciano Rosso.
Décors et costumes d’Oria Puppo et Luciano Rosso.
Lumières d’Oria Puppo et Hermes Gaido.

Merteuil

C’est avec beaucoup de curiosité que nous sommes allées voir cette pièce au lucernaire, le pari est en effet ambitieux : donner une suite au superbe livre de Pierre Choderlos de Laclos, Les liaisons dangereuses.

Quinze ans après leur dernière entrevue, elle se rencontre. La pièce est un affrontement entre deux femmes bafouées par le même homme, l’une qui lui a gardé toute son affection et l’autre tout son mépris. Elles sont réunies bien des années après par la volonté de l’une d’entre elles. Celle-ci a un objectif précis, elle est déterminée à obtenir ce qu’elle veut, et la grande Merteuil ne lui fait plus peur.

Les personnalités des deux femmes sont opposées mais la puissance de leurs convictions est la même. Deux femmes fortes qui ont beaucoup vécu et énormément changé depuis leur dernière rencontre. Le duel promet d’être féroce.

Forcément, écrire une suite d’un roman qui a une telle renommée c’est prendre des risques et faire le choix d’assumer son interprétation de l’œuvre en y ajoutant sa touche personnelle. Cécile de Volanges à en effet un regard très actuel sur la relation qu’elle a entretenu avec Valmont. Le contexte historique et social de l’époque était pourtant très différent, il est donc délicat de le relier à notre époque me too. En revanche nous avons été touchées par son désespoir d’avoir été utilisée par ces deux dangereux manipulateurs et sa souffrance et son envie de vengeance est bien compréhensible, à l’époque, comme maintenant.

Vous assisterez à 1h10 de joute verbale, combat de femmes, partages de confidences, sentiments échangés, cicatrices physiques et psychologiques exposées, le tout dans un huit clos intime, remarquablement écrit et porté par des actrices impliquées et justes.

Du 8 mars au 7 mai 2023 au Théâtre du Lucernaire

Auteur : Marjorie Frantz
Artistes : Chloé Berthier, Marjorie Frantz
Metteur en scène : Salomé Villiers

© Cédric Vasnier

Femmes en colère

Dès le début de la pièce, l’émotion est palpable. Lisa Martino est touchante et juste. Elle se tient droite, face à nous, vibrante, remplie de dignité, de fierté et de fragilité contenues.

Que vaut le « non » pour une femme qui avait dit « oui » ? La justice est-elle capable aujourd’hui de répondre aux attentes d’une victime de viol ? Et si la réponse est non, peut-on accepter qu’elle se fasse justice elle-même ?

C’est un procès aux assises, son procès à elle, cette femme qui est passée de victime à bourreau, cette femme qui est jugée pour des actes qu’elle reconnait avoir commis. Femme détruite qui n’a pas eu confiance dans la justice française, et qui se confie sans fard sur toute la vérité de ses actes. Elle ne cherche ni à se justifier ni à inspirer de la pitié. Elle est factuelle tant dans la description de ce qui l’a définie comme victime que dans la froide violence qui l’a conduite sur le banc des accusés.

La pièce alterne entre le secret du délibéré et l’accusée qui attend le verdict. Rapport déjà non équilibré :  neuf personnes, trois magistrats et six jurés populaires, contre une seule. Pendant qu’ils discutent, échangent et se disputent, elle patiente plus ou moins sereinement et nous raconte sa version, ce qu’elle pense et ce qu’elle ressent par rapport à ce qu’elle a vécu.

La pièce est très intéressante, souvent bouleversante et même parfois drôle malgré le thème sérieux abordé, car les jurys sont maladroits et l’accusé n’a pas sa langue dans sa poche. L’ambiance est orageuse pour ce sujet de délibération complexe et délicat.

L’écriture est fine et intelligente, la mise en scène simple et efficace.

On en apprend un peu plus sur ce qui se passe derrière les portes closes d’une salle de délibéré : termes et subtilités juridiques, obligations et devoirs des jurés, serment de confidentialité et tout le décorum qui entoure cette action civique obligatoire qui fascine autant qu’elle fait peur. Tous les rouages et spécificités de la loi sont abordés de manière intelligente. La pièce est pédagogique sans être ennuyante, didactique sans être pompeuse.

Le thème, au cœur du mouvement « me too », est brulant d’actualité. On y retrouve les problématiques du consentement, du viol, de la non-reconnaissance des victimes de violences sexuelles et de l’absence fréquente de punition pour ceux qui les commettent.

Et puis cette grande question autour du jugement. Comme dans 12 hommes en colère, on compte les voix dans sa tête pour anticiper le résultat.  Qui va voter « oui », qui va voter « non » à la question « cette femme est-elle coupable ? ». Il est intéressant de se rendre compte des influences personnelles et/ou social de cette prise de décision. L’un des assesseurs critique l’influence des réseaux sociaux qui viennent brouiller les décisions juridiques. « L’émotion et la justice ne font pas bon ménage ». Une intime conviction ne doit pas se réduire à une conviction intime. Pourtant est-il possible de juger sans émotion ? L’importance des circonstances est primordial, c’est le principe de l’individualisation des peines. L’acte et la personne ne sont pas séparables.  La pluralité des juges (magistrat et jurés) permet en théorie un contrôle des subjectivités. L’addition des différentes impressions et des réflexions et les échanges multiples doivent amener ces personnes à établir une conclusion mesurée et responsable. Mais bien sûr, ils sont eux même dotés de leur histoire personnelle, de leurs idéologies, de leurs pulsions, de leurs affects et de la pression sociale.

Quand le théâtre se fait manifeste politique cela donne une pièce passionnante, utile et subtile qui vient nous confronter et nous bousculer. On peut être satisfait ou déçu du verdict qui tombe dans les dernières minutes de la pièce mais dans tous les cas on se rend compte qu’une telle décision n’est pas si évidente et si facile à prendre.

Sous le nom de crimes ou de délits, on juge bien toujours des objets juridiques définis par le code, mais on juge en même temps des passions, des instincts, des anomalies, des infirmités, des inadaptations […] qui sont aussi des pulsions, des désirs ; les juges […] se sont donc mis à juger autre chose que des crimes : l’âme des criminels”, écrit Michel Foucault dans Surveiller et punir

Au Théâtre de la Pépinière jusqu’au 1er avril 2023

De Mathieu Menegaux et Pierre-Alain Leleu
Mise en scène : Stéphane Hillel / Assistante mise en scène : Elena Terenteva
Scénographie : Edouard Laug / Costumes : Camille Duflos / Lumière : Laurent Béal / Assistant : Didier Brun
Distribution : Lisa Martino, Gilles Kneusé, Hugo Lebreton, Nathalie Boutefeu, Fabrice de la Villehervé, Sophie Artur, Clément Koch, Magali Lange, Aude Thirion, Béatrice Michel

crédit photo : François Fonty

Roméo et Juliette

Une troupe jeune et dynamique a décidé de revisiter ce grand classique et ils ont bien fait. Le principe amusant et étonnant de leur proposition c’est une distribution surprise. En effet, chaque soir le public est amené à choisir quel comédien.ne jouera quel rôle, et ce n’est pas truqué puisque ma fille a pu choisir qui jouerait le rôle de frère Laurent. Les choix se font sans tenir compte des genres, Roméo et Juliette pouvant être 2 hommes, 2 femmes ou un homme et une femme indifféremment. Chaque comédien.ne connaît donc l’intégralité de la pièce et est capable après quelques secondes de concentration de plonger dans le personnage qui lui a été attribué par le public. Un exercice pour le moins surprenant qui est remarquable surtout pour la performance que cela impose aux interprètes.

Malgré leur rapidité à revêtir physiquement et psychologiquement les rôles qu’ils doivent jouer, rien n’est laissé à l’improvisation, en effet tout est millimétré et cadré. La mise en scène fluide et dynamique nous entraîne avec un rythme soutenu dans les aventures des amants maudits de Vérone.

Bien sûr on notera la fluidité des genres et la liberté et l’ouverture d’esprit que cela montre. Une pièce remise au goût du jour avec intelligence.

On pourrait regretter parfois un peu trop de rapidité dans les échanges, il est évident que résumer Roméo et Juliette en 1h05 n’a rien d’évident et l’on perd peut-être un petit peu en émotion. Il en reste que cet exercice bluffant est d’une grande modernité et que cela nous permet de redécouvrir Shakespeare.

La troupe sympathique, généreuse et dynamique qui s’est lancée dans ce projet audacieux nous propose un spectacle frais, plein d’humour, bourré d’énergie et original. Sur la forme comme sur le fond c’est une belle réussite !

Allez sans hésitation découvrir l’une des 5040 combinaisons possibles.

De William Shakespeare
Mise en scène Romain Chesnel et Caroline de Touchet assistés de Lina Aucher
Avec Camille Arrivé, Clémence Baudouin, Sarah Bretin, Caroline de Touchet, Robin Hairabian, Guillaume Lauro Lillo, Lorraine Résillot et Lina Aucher
Traduction Caroline de Touchet
Voix Nicolas Lormeau de La Comédie Française
Musique Originale Bruno Megara / Chorégraphie Camille Arrivé / Création Lumière Simon Venon / Costumes Margaux Lopez / Scénographie Sofia Kisteneva / Combat Christophe Charrier

© Matthieu Camille Colin

Zaï Zaï Zaï Zaï par Nicolas & Bruno

Je connaissais l’humour de Fabcaro et j’aime beaucoup son univers j’étais donc impatiente et curieuse de voir ce que ces deux comédiens allaient bien pouvoir en tirer. Leur lecture (très) vivante est une réelle réussite. Ils marchent dans les pas de l’auteur en ne trahissant ni l’humour ni l’absurdité qui émanent de ses bandes dessinées. Bien au contraire il sublime l’exercice en en faisant un vrai moment de joie.

Ils s’emparent et s’approprient l’œuvre de fabcaro avec brio. Bruitages, voix diverses et variées des personnages de la BD, le tout accompagné musicalement par Mathias Fédou, ils arrivent réellement à reconstituer l’ambiance sonore de l’histoire.

Dès leur entrée c’est la grosse ambiance dans la salle. Entre applaudissements, sifflements et cris on se croirait dans un concert. Nicolas & Bruno arrivent à fédérer et à entraîner le public du début à la fin de leur spectacle. Ils nous embarquent dans leur folie au propre comme au figuré : on se retrouve en effet à aboyer comme une meute de chiens et à chanter du gospel en chœur. Tout le monde est à fond !

C’est plein d’humour et ultra créatif. La salle jubile et nous avec. Ce qui est également appréciable c’est leur bonne humeur, toujours le sourire aux lèvres et rigolant de leurs propres blagues sans se prendre au sérieux.

Le matériel utilisé étant déjà une pépite, le résultat est complètement délirant. C’est vraiment agréable à regarder on en ressort le sourire aux lèvres et chargé à bloc d’optimisme. En cette période hivernale et sombre c’est un vrai bonus.

Une pièce récréative qui dénonce l’absurdité du système dans lequel on évolue, toujours d’actualité.

Ne surtout pas rater ces deux huluberlus !

La copine que j’ai emmenée avec moi ce soir-là n’arrête pas durant la pièce de murmurer «  mais qu’est-ce que c’est con, mais qu’est-ce que c’est con… » ça a l’air de lui plaire! et en effet en sortant de la pièce elle ne tarit pas d’éloges sur ce que nous venons de voir. Une soirée réussie qui met de bonne humeur.

d’après la BD de Fabcaro
Avec : Nicolas & Bruno, Mathias Fédou

A la comédie de Paris jusqu’au 1er avril 2023

J’aurais voulu être astronaute

Ce voyage dans l’espace est également un voyage personnel. Cyril Garnier nous fait partager ses rêves d’enfant et nous ouvre les portes de son intimité : parfait équilibre entre la conquête spatiale et sa vie personnelle. C’est un spectacle ludique instructif et plein d’énergie.

Il nous embarque dans cette histoire lunaire et l’on apprend plein de choses sur la vie dans l’espace, un fabuleux voyage intersidéral.

Cyril Garnier, passionné et passionnant, est un conteur brillant qui a gardé son âme d’enfant et que l’on écoute avec un vrai plaisir. On se retrouve pendant un peu plus d’une heure la tête dans les étoiles. Les anecdotes sont précises, diversifiées et ultra documentées.

Ce spectacle pour grande partie autobiographique est tantôt tendre et spirituel, tantôt pédagogique et instructif.

C’est original, intelligent, plein d’humour mais également émouvant avec de vrais moments de poésie.

La mise en scène et la scénographie sont intelligentes et ingénieuses. Les archives photographiques sont particulièrement bien intégrées.

N’hésitez pas à partir dans l’espace le temps d’une soirée.

A la comédie de Paris jusqu’au 13 avril 2023

Auteur : Cyril Garnier
Mise en scène : David Roussel
Lumières : Arthur Gauvin

BIG MOTHER

Et si un parti politique pouvait manipuler les masses jusqu’à l’accession au pouvoir ? Sommes-nous si éloigné que ça de cette fiction sombre ? La pièce parle de politique, de journalisme, de manipulation des masses, des aspects sécuritaires, du recueil des données personnelles, de lanceurs d’alerte, de démocratie et puis aussi un peu d’amour.

On assiste en 1h40 à un spectacle impactant au suspens qui nous tient en haleine du début à la fin. Au début on se sent un peu perdu, on ne comprend pas grand-chose mais tout s’éclaire au fur et à mesure de la pièce et à la fin tout prend sens.

La mise en scène très cinématographique (on se croirait dans une série Netflix) est créative et dynamique. Tout est chorégraphié et millimétré. La scénographie est à la fois moderne, simple et efficace, quatre écrans nous transposent dans les différents lieux où se situe l’action et quelques éléments de décors escamotables précisent le reste.

Les dialogues sont ciselés et percutants et l’histoire est particulièrement bien ficelée et haletante. On suit les personnages à la fois dans leur enquête journalistique et dans leur vie privée. Dans un rythme trépidant, les scènes s’enchainent sans aucun temps mort. On remonte parfois le temps afin de mieux comprendre le présent, il faut s’accrocher pour suivre l’histoire, pas le temps de se reposer, tout fuse et ça carbure à cent à l’heure.

Les comédiens n’économisent d’ailleurs pas leur énergie, ils sont présents, connectés et impliqués. Leur interprétation intense et juste nous plonge complétement dans l’intrigue. La plupart des comédiens jouent plusieurs personnages, comme c’est souvent le cas au théâtre, mais pour une fois je me laisse prendre au jeu et je finis par me demander combien ils sont réellement, tellement certaines transformations sont réussies.

Présentant une dystopie pas si éloignée de la réalité, la pièce et pleine de sens et de contenu. C’est à la fois très drôle et terriblement sérieux. Le texte rempli de bons mots et de répliques qui font mouche est en effet également profond et grave et nous pousse à réfléchir sur les dérives de notre époque.

Une pièce engagée, utile et captivante. Une vraie réussite !

Autrice et mise en scène : Mélody Mourey
Distribution : Patrick Blandin, Pierre-Yves Bon, Ariane Brousse, Guillaume Ducreux, Marine Llado et Karina Marimon
Scénographie Olivier Prost
Lumières Arthur Gauvin
Costumes Bérengère Roland
Musique Simon Meuret
Vidéos Édouard Granero et Laure Cohen
Graphiste Vidéos Emmanuelle Buchet

Au Théâtre des Béliers à partir du 7 février 2023