Aller voir Helsingør, château d’Hamlet au château de Vincennes, c’est vivre une véritable expérience. A l’entrée du donjon, on nous confisque nos téléphones afin que l’immersion soit la plus complète possible. Après un verre pris au bar éphémère, installé pour l’occasion dans la cour, le signal est donné et des silhouettes en longs manteaux noirs nous rassemblent dans la cour. Nous sommes séparés les uns des autres pour démarrer notre parcours et les groupes partent dans différentes directions. Le mystère règne et nous marchons en silence.

Une scène violente entre Hamlet et sa mère s’engage, Hamlet quitte la salle du trône au pas de course et quelques spectateurs le suivent, dont moi. On tente de le rattraper à travers le dédale du château, de passerelles en couloirs et d’escaliers en coursives afin de vivre avec lui la prochaine scène. Pris par son énergie et sa fébrilité on se prête au jeu avec plaisir. Tout à coup apparaît le spectre de son père tout en haut d’une tour. On écoute, fasciné, ce dialogue qui se déroule entre eux. Puis des cris nous attirent vers une autre action et il faut décider qui écouter et que voir. Choisir, c’est aussi accepter de se laisser embarquer et de rater une autre scène qui se déroule ailleurs dans le château. Mais c’est ce lâcher prise qui permettra de profiter pleinement de ce qui se passe à l’instant présent devant nous, car chaque spectateur va vivre une aventure unique en fonction des choix qu’il ferra de suivre tel ou tel personnage. Dans le théâtre immersif, cette nouvelle mode qui nous vient des pays anglo-saxons, ce sont en effet les spectateurs qui vont à la rencontre des différentes scènes en déambulant dans le lieu. Le public devient acteur de sa propre expérience et c’est jouissif.

La mise en scène créative de Léonard Matton exploite à 100% l’expérience immersive et le découpage des tableaux est réalisé avec beaucoup d’intelligence et même s’il est évidemment impossible d’assister à toutes les scènes, cela n’empêche pas la compréhension générale de l’histoire.

L’immersion est parfaite dans ce lieu d’exception, les costumes sont superbes et l’ambiance énigmatique est au rendez-vous.

Les comédiens se produisent au cœur même du public, créant ainsi une proximité qui nous plonge entièrement dans les rebondissements de l’histoire et nous vivons durant presque 1h30 au rythme des personnages de Shakespeare. L’impact de leur interprétation, la finesse de leur jeu et l’intensité exigée par le théâtre immersif sont remarquables. On sent leur fébrilité et leur passion et l’on vibre avec eux tout au long de la pièce jusqu’au duel final, véritable combat parfaitement orchestré qui réunit tous les spectateurs au pied du château.

Pour notre plus grand plaisir le château de Vincennes se transforme en Château d’Helsingor donc n’hésitez pas à vivre cette expérience envoûtante.

Au Château de Vincennes jusqu’au 25 mai 2024

Billetterie ici

Traduction, adaptation et mise en espaces – Léonard Matton
Assistanat – Camille Delpech
Création univers sonore – Enzo di Meo, Clément Hubert, Claire Mahieux
Création musicale – Claire Mahieux
Régie sonore – Enzo di Meo, Clément Hubert, Claire Mahieux, Théo Cardoso
Conception costumes – Jérôme Ragon, Mathilde Canonne, Antoine Rabier
Régie lumières – Mohammed Mokkaddemini, Ugo Perez, Chloé Roger
Maître d’armes – Pierre Berçot​
Décors et accessoires – A2R Compagnie – Antre de Rêves
Production – Mathilde Gamon

Les interprètes
​Bernardo et Rosencrantz – Anthony Falkowsky ou Thomas Gendronneau
Claudius – Roch-Antoine Albaladéjo ou Loïc Brabant
Gertrude – Zazie Delem ou Claire Mirande
Hamlet – Benjamin Brenière, Gaël Giraudeau ou Stanislas Roquette
Horatio – Cédric Carlier ou Laurent Labruyère​
Laërte et un comédien – Mathias Marty ou Matthieu Protin​
Marcellus et Guildenstern – Jérôme Ragon ou Hervé Rey
Ophélie – Camille Delpech ou Marjorie Dubus
Polonius et Fou – Dominique Bastien ou Jean-Loup Horwitz
Spectre, un comédien et Fossoyeur – Michel Chalmeau ou Jacques Poix-Terrier

Crédit photo Emersiøn Production 
L’impressionnant décor

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